L’évolution des styles architecturaux
Introduction
L’architecture reflète les valeurs, les techniques et les goûts de chaque époque.
Du roman massif au contemporain durable, chaque style témoigne d’une manière de penser et de construire.
1. Les grands styles architecturaux
a) L’architecture romane (Xe – XIIe siècle)
Murs épais, arcs en plein cintre, voûtes en berceau.
Peu d’ouvertures : bâtiments sombres mais solides.
Symbolique : spiritualité, stabilité, foi.
Système constructif :
Pas encore de poteau-poutre.
L’effort est repris par les murs eux-mêmes.Matériaux : pierre, mortier.
Exemple toulousain : Basilique Saint-Sernin (brique et pierre, plan en croix latine).
b) L’architecture gothique (XIIe – XVe siècle)
Arcs brisés, voûtes sur croisée d’ogives, grandes rosaces.
Structure élancée et lumineuse.
Système constructif :
Toujours basé sur les murs porteurs,
mais les arcs et nervures allègent la structure.Premiers principes de structure dissociée : les charges sont reportées sur des points précis (colonnes, contreforts).
Transition vers le poteau-poutre :
Apparition d’un système ponctuel (colonnes fines, arcs) au lieu de murs pleins.Exemple : Cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, mêlant roman et gothique.
c) L’architecture Renaissance (XVe – XVIe siècle)
Retour à l’ordre antique : colonnes, frontons, symétrie.
Ornementation inspirée de l’Italie (Florence, Rome).
Recherches de proportion, harmonie et beauté.
Système constructif :
Toujours en maçonnerie porteuse,
mais avec une meilleure compréhension des forces.Colonnes et entablements en pierre rappellent le poteau-poutre antique
Exemple : Hôtel d’Assézat (1555), un chef-d’œuvre toulousain mêlant brique et pierre.
d) L’architecture classique (XVIIe – XVIIIe siècle)
Inspirée des temples grecs et romains.
Sobriété, monumentalité, rigueur géométrique.
Symbolise l’ordre et la puissance du royaume.
Système constructif :
Murs porteurs en pierre + planchers bois.
Le poteau-poutre reste symbolique (ordres architecturaux),
non structurel.
Exemple : Façade du Capitole de Toulouse (XVIIIe siècle).
e) L’architecture industrielle (XIXe siècle)
Révolution industrielle → nouveaux matériaux : fonte, acier, verre.
Construction d’infrastructures : gares, halles, ponts, usines.
Esthétique technique : la structure devient visible.
Système constructif :
Naissance du vrai poteau-poutre moderne.Fer, fonte, puis acier permettent des portées plus grandes et des espaces ouverts.
Le mur devient un enveloppe, non porteur.
Exemples :
Halle aux grains (Toulouse)
Tour Eiffel (Paris, 1889)
f) L’Art nouveau (vers 1890 – 1910)
Réaction à l’industrialisation et à la standardisation.
Inspiré par la nature : lignes courbes, fleurs, végétaux, formes organiques.
Utilisation du fer forgé, du verre, de la céramique.
Chaque bâtiment devient une œuvre d’art totale (architecture, mobilier, ferronnerie, vitraux…).
Architectes : Victor Horta (Bruxelles), Hector Guimard (Paris).
Système constructif :
Ossatures métalliques souples → grande liberté formelle.
Le poteau-poutre devient expressif : il dessine la forme.
Exemples :
Entrées du métro parisien par Guimard.
À Toulouse : immeubles ornés de ferronneries Art nouveau autour du boulevard Carnot et du quartier Saint-Aubin.
g) L’Art déco (vers 1910 – 1940)
Héritier de l’Art nouveau, mais plus géométrique et épuré.
Valorise la symétrie, les formes stylisées, l’usage du béton, de la pierre et du métal.
Mélange de luxe, d’élégance et de modernité.
Architectes : Robert Mallet-Stevens, Auguste Perret.
Système constructif :
Poteau-poutre en béton → formes simples et rigides.
Structure indépendante de la façade (façade libre)
Exemples :
Théâtre des Champs-Élysées (Paris).
À Toulouse : façades Art déco du centre-ville, comme la Caisse d’Épargne rue Alsace-Lorraine.
h) L’architecture moderne (XXe siècle)
Rupture avec les styles du passé.
Fonctionnalité avant tout : “La forme suit la fonction.”
Matériaux : béton, acier, verre.
Volumes simples, toits-terrasses, absence d’ornement.
Architectes : Le Corbusier, Mies van der Rohe.
Système constructif :
Triomphe du poteau-poutre béton/acier.Façades non porteuses → murs rideaux.
Standardisation, préfabrication.
Exemples :
Cité administrative de Toulouse.
Cité radieuse (Marseille).
i) L’architecture contemporaine (XXIe siècle)
Innovation, durabilité, intelligence du bâtiment.
Matériaux biosourcés, efficacité énergétique, intégration urbaine.
Architecture numérique et conception BIM.
Système constructif :
Poteau-poutre mixte (bois, métal, béton).
Structure souvent intégrée à la conception esthétique.
Modélisation numérique (BIM) pour coordonner structure et enveloppe.
Exemples à Toulouse :
Écoquartier de la Cartoucherie (bâtiments mixtes et durables).
Halle de La Machine (Montaudran).
Bâtiment B612 (campus de l’innovation spatiale).
Aujourd’hui, les architectes s’inspirent de tous ces courants passés tout en intégrant les enjeux contemporains : écologie, numérique, BIM, durabilité, confort d’usage. Comprendre l’histoire, c’est savoir concevoir le futur.